Le monde perdu
M. Hungerton, son père, n’avait pas de rival sur la terre pour le manque de tact. Imaginez un cacatoès duveteux, plumeux, malpropre, aimable certes, mais qui aurait centré le monde sur sa sotte personne. Si quelque chose avait pu m’éloigner de Gladys, ç’aurait été la perspective d’un pareil beau-père. Trois jours par semaine je venais aux Chesnuts, et il croyait dans le fond de son coeur que j’y étais attiré uniquement par le plaisir de sa société, surtout pour l’entendre discourir sur le bimétallisme ; il traitait ce sujet avec une autorité croissante.
Un soir, j’écoutais depuis plus d’une heure son ramage monotone : la mauvaise monnaie qui chasse la bonne, la valeur symbolique de l’argent, la dépréciation de la roupie, ce qu’il appelait le vrai taux des changes, tout y passait.[...]
Arthur Conan Doyle - Артур Конан Дойл - آرثر كونان دويل