L'Homme invisible
UN ÉTRANGE VOYAGEUR
L’étranger arriva en février, par une matinée brumeuse, dans un tourbillon de vent et de neige. Il venait, à pied, par la dune, de la station de Bramblehurst, portant de sa main couverte d’un gant épais, une petite valise noire. Il était bien enveloppé des pieds à la tête, et le bord d’un chapeau de feutre mou ne laissait apercevoir de sa figure que le bout luisant de son nez. La neige s’était amoncelée sur ses épaules, sur sa poitrine ; elle ajoutait aussi une crête blanche au sac dont il était chargé.
Il entra, chancelant, plus mort que vif, dans l’auberge, et, posant à terre son bagage :
« Du feu, s’écria-t-il, du feu, par charité ! Une chambre et du feu !»
Il frappa de la semelle, secoua dans le bar la neige qui le couvrait, puis suivit Mme Hall dans le petit salon pour faire ses conditions. Sans autre préambule, et jetant deux souverains sur la table, il s’installa dans l’auberge.[...]
Herbert George Wells - Герберт Джордж Уэллс - هربرت جورج ويلز